Lorsqu'on m'a proposé d'écrire un roman Cher Journal, ma première réaction a été de refuser. Je n'avais jamais écrit une histoire dans un contexte historique, et j'éprouvais de l'appréhension. J'étais certaine que j'allais faire un faux pas. Et si je me trompais sur la nourriture qu'on mangeait au petit déjeuner ou sur les chaussures qu'on portait les jours de pluie? Pire encore, je risquais de mal interpréter les sentiments et les pensées des gens. De plus, je ne voulais pas écrire un de ces livres qui plonge les enfants du 21^e siècle dans le 19^e siècle. Je ne voulais pas non plus écrire un de ces livres, comme ceux que j'ai lus à l'école, dont le récit sert à enseigner l'histoire et dans lesquels l'accent est mis sur les faits historiques.

J'ai changé d'idée pour deux raisons. D'abord, je me suis souvenu de ma jeunesse et de mon amour pour les livres. Pas les livres d'école, mais ceux comme La petite maison dans la prairie, qui racontent de vraies histoires. Ensuite, je me suis dit que si je choisissais une période pour laquelle il y a des témoins vivants, je pourrais poser toutes mes questions à une personne concernant le petit déjeuner et les bottes, ou peut-être même, sur ses peurs quand elle était enfant. Dans ce cas, je pourrais trouver assez d'assurance pour entreprendre un roman. J'ai pris une grande respiration avant de me lancer dans mes recherches. Après avoir lu des livres, des journaux, des récits et des lettres, après avoir entendu des témoignages fascinants de personnes âgées, je me demandais sans cesse : « Comment c'était vraiment? » J'essayais de m'imaginer dans le passé. Cet exercice m'a fait découvrir une nouvelle façon d'écrire très plaisante. J'ai encore peur de faire une erreur ou de donner trop de faits historiques à la façon d'un livre d'histoire, mais je suis prête à prendre le risque parce que j'adore voyager dans le passé.